Présentation de l’auteur


Homme de lettres, historien et adepte d’Art sacré. Roger Forst est
auteur de plusieurs ouvrages illustrés sur Strasbourg, sa ville natale,
et sur la cathédrale de Strasbourg. Il est également auteur
d’ouvrages poétiques, d’essais, de nouvelles fantastiques, d’articles
culturels, parus en France et à l’étranger.
Parfait bilingue français-allemand, il est auteur d’ouvrages
poétiques, de contes rhénans en allemand, et d’un recueil poétique,
dialectal alsacien.
Il est auteur d’un traité de versification.
Il est aussi auteur d’un roman mythologique.
Roger Forst détient 14 premiers prix , 3 grands diplômes d’honneur,
4 diplômes d’honneur, et diverses distinctions, mentions et
attestations de mérite de diverses Académies et sociétés littéraires de
France et de l’étranger.
Adepte de poésie classique aux formes fixes, ses poèmes ont parus
dans divers anthologies, revues, journaux et organes littéraires
en France et à l’étranger.
Quelques-uns de ses ouvrages sont encore inédits.
La part la plus importante de ses travaux se porte sur le passé de la
ville de Strasbourg et sur le décor de sa cathédrale. Il a consacré
toute sa vie à la documentation et à la recherche bibliographique sur
ces deux sujets.
Mais il continue également à se consacrer à la poésie.
Dix-neuf de ses ouvrages se trouvent à la Bibliothèque Nationale
Universitaire de Strasbourg et sont catalogués à la Bibliothèque
Nationale de France, et l’ensemble de ses ouvrages (24), dans le
Catalogue Collectif National de France.


Article de l'Université Robert Schuman

L'archiviste d'un Strasbourg disparu
" La récompense est dans l'effort ". Cette phrase constitue le ferment de la vie de Roger Forst. Passionné d'histoire locale, il a passé 20 ans de sa vie à rassembler minutieusement et inlassablement d'anciennes cartes postales de la capitale alsacienne. Il vient de les publier dans un ouvrage intitulé " Le Strasbourg disparu ".

Assis confortablement devant son ordinateur, trois paires de lunettes à portée de main, Roger Forst pose les dernières touches d'une nouvelle version plus étoffée de son album de cartes postales. Dans un coin sur une table, sont empilés des recueils de poésie. Sur les murs de la pièce, des dessins au fusain qu'il a réalisés représentent une façade ou une place de Strasbourg. Cachée sous son bureau, une lourde valise noire contient les mille et une images qu'il a analysées pendant sept ans pour comprendre le symbolisme profane et religieux des bas-reliefs de la cathédrale de Strasbourg, son " grand cheval de bataille ". Tout l'univers de Roger Forst, ou presque, est réuni dans ce bureau.

Pendant 20 ans, Roger Forst a sillonné les rues de Strasbourg, écumé tous les brocanteurs et marchands de foire d'Alsace et amassé tous les témoignages de chroniqueurs strasbourgeois depuis le Moyen ge pour retrouver les lieux perdus de son enfance. " J'ai usé le fond de mes pantalons sur les pavés d'Alsace ", se targue-t-il. Cette fouille obsessionnelle digne d'un archiviste lui a permis d'engranger plusieurs milliers de cartes postales, peut-être 3000, peut-être plus, il ne le sait pas lui-même.

Dans le même temps, il arpentait le sol de la cathédrale. " On m'avait donné la clé du paradis. J'ai pu voir tous les bas-reliefs sculptés dans les endroits les plus secrets de la cathédrale. " Il les a étudiés et en a conçu un livre, " L'imagerie fantastique de la Cathédrale de Strasbourg " que les éditeurs se refusent à publier, effrayés par sa taille démesurée.

" Roger a toujours cultivé ses racines, se rappelle Gracia Grassi-De Vecchi, une collègue de la commission européenne où il a travaillé pendant 35 ans en tant que physicien nucléaire. Elles étaient d'ailleurs compliquées. Il a longtemps été déchiré entre deux cultures. "

Roger Forst est né en 1932. Il fait partie de ces alsaciens qui ont connu la germanisation pendant leur cycle d'étude primaire. Au lendemain de la guerre, il ne connaît plus un mot de français. Pour rattraper son retard, il lit Baudelaire, Musset, Vigny et Verhaeren puis se lance à son tour dans la poésie. Il a publié plus de cent poèmes, essais et nouvelles dans diverses revues en France et à l'étranger et remporté une dizaine de prix et de distinctions littéraires. " Roger a toujours été un peu à part. Il avait une âme d'artiste ", confirme son ami d'enfance, Marc Oesterlé.

A deux reprises, il est séparé de sa ville natale. En 1939, la guerre l'oblige à fuir l'Alsace pour la Dordogne avec sa mère. Entre 1961 et 1996, son travail à la commission européenne le contraint à voyager à travers toute l'Europe. Quand il revient à intervalles irréguliers dans la capitale alsacienne, il se rend compte qu'il a perdu ses repères. " Toutes les images dont je m'étais imprégné jusqu'à 18 ans, je ne les retrouvais plus", s'attriste-t-il.

Roger Forst est nostalgique de son enfance et du Strasbourg qu'il a connu autrefois. Avec son ami Marc Oesterlé, il parle de sa jeunesse. Ce dernier se souvient d'un épisode comique survenu lors d'un voyage organisé par leur paroisse : " Nous avions perdu Roger. Pendant trois jours, il a continué sa route tout seul. Nous l'avons retrouvé le jour du départ à la frontière, un peu avant Kehl. Il nous attendait tranquillement ".

Roger Forst a la tête dans ses poèmes, ses cartes postales et ses bas-reliefs. Il est parfois un peu distrait. Il lui est arrivé de laisser sa petite-fille à l'école alors qu'il était parti la chercher. " Il oublie tout, s'exaspère sa femme Pia. Un jour, des collègues qu'il n'avait pas vu depuis quatre ans ont débarqué de Belgique avec un gros bouquet de fleur. Je n'étais même pas au courant et lui était tranquillement en train d'écrire. " Sa fille Sarah l'excuse en disant que " les génies ont besoin de chaos ".

Mais Roger Forst tient de sa mère, " un caractère à traverser les murs", selon ses propres termes. Il reconnaît négliger sa famille pour certaines décisions : " Je suis parfois un peu égoïste, même égocentrique". Il avoue aussi avoir fait des erreurs dans sa vie. Il parle de " buts pas atteints ", de " choses vraiment mal faîtes " même s'il ne s'étend pas sur le sujet.

Cet esprit dogmatique reconnaît tout de même qu'il lui est arrivé de douter, notamment au sujet de la religion. " J'ai tendance à moins suivre les règles de l'Eglise catholique, confesse-t-il. Mais pour moi, il y a quelque chose au-dessus et j'appelle ça Dieu ". Puis c'est le physicien qui s'emporte : " Comment peut-on prétendre connaître l'univers ? On ne sait même pas d'où vient l'énergie qui maintient l'électron autour du noyau de l'atome. Pour moi, c'est le début de la croyance en Dieu ".

Quand sa petite-fille Mélissa apparaît dans l'ouverture de la porte, la tornade de paroles s'apaise. " Mes trois enfants, Eric, Christophe et Sarah et mes petits-enfants sont ce qu'il y a de plus précieux dans ma vie. Ils sont toute ma raison de vivre et c'est d'eux que je tire mon énergie ". Mais son plus grand bonheur, il le doit à la naissance du petit dernier de la famille, un garçon. Roger Forst est aujourd'hui assuré de la survie de son nom.